APRÈS L’OBSCÈNE / Workshop 333 des étudiant∙x∙es en 3e année Art avec le cinéaste Demis Herenger
du lundi
au dimanche
Le Perthus / La Jonquera (à la frontière France – Espagne)
Neuf étudiant∙x∙es en 3e année Art à l’ESAAA et l’enseignant-artiste Laurent Faulon se déplaceront au Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne pour un workshop 333 avec cinéaste Demis Herenger.
Workshop 333: APRÈS L’OBSCÈNE
« Dans son essai La pornographie, une idée fixe de la photographie, Alain Fleischer (artiste, cinéaste, écrivain) soutient la thèse que la première image photographique est nécessairement pornographique, ou que pour le moins, l’image pornographique est l’image ultime, dissimulée ou non, du projet photographique et de toute photographie. Sans forcément adhérer à cette thèse on peut néanmoins constater que tous les systèmes et outils de représentation ont été utilisés dès leur apparition pour représenter l’acte sexuel et on peut supposer que les premières photographies, par leur façon crue et inédite de représenter la réalité, ont pu générer un trouble proche de ce que chacun∙x∙e a pu ressentir à la vision d’une première photo pornographique.
Etymologiquement, la Pornographie est l’écriture (graphein) sur les prostitué∙x∙es (pornê, pornê), dérivant du verbe pernanai (qui veut dire « vendre, exporter »).
À partir de ces deux constats, le cinéaste Demis Herenger a imaginé un workshop explorant notre monde ultra libéral, ou le commerce des biens, des corps, de nos idéaux et de nos aspirations offrent un spectacle qui, en terme d’obscénité, n’a rien à envier à la pornographie ordinaire.
Pour cela, il propose à un groupe d’étudiant∙x∙es en 3e année Art à l’ESAAA de se rendre au col du Perthus, frontière autoroutière entre la France et l’Espagne, et dans la ville frontière qui l’entoure : Le Perthus / La Jonquera. Point de jonction entre deux économies, situé sur un axe où circulent migrant∙x∙es, marchandises détaxées, contrebande, fantasmes et trafiquant∙x∙es, La Jonquera fait office de « petit Tijuana » (ville-frontière entre les États-Unis et le Mexique), aux proportions européennes.
Durant une semaine, les étudiant∙x∙es étudieront ce terrain particulier. La première partie du workshop sera consacrée à la prise de notes (écrits, dessins, photos, vidéos…) guidée par des exercices de cadrage précis (par exemple en mettant hors champ l’obscénité pour mieux la révéler ou en cadrant l’ordinaire de manière obscène).
La seconde partie du workshop a pour ambition de digérer, rejouer, s’approprier, détourner, refilmer, etc. les images engrangées dans nos têtes, par la réalisation d’un film empruntant aussi bien au docu-fiction qu’à la fiction pure. Pour éviter les principaux écueils d’un tel projet (voyeurisme stérile, dénonciation moralisante, fascination paralysante…) ce film sera réalisé sur un autre terrain : la ville du Boulou, qui permettra aux participant∙x∙es de prendre de la distance vis-à-vis du sujet appréhendé.
Après l’obscène est une tentative de s’emparer de l’obscénité du monde, en essayant de dépasser le simple constat, la fascination ou la répulsion, pour la transformer en force de création, en la retournant sur elle-même pour utiliser sa force comme le ferait un∙e judoka∙te, plutôt qu’en la subissant ».
Image : Composition charcutière − photo : Rita Loccisano