Conférence / Meeting Points : d’un lieu à un autre, un projet curatorial au format-constellation
le vendredi
– 11h
ESAAA – salle de conférence
Á l’invitation de l’ESAAA et de l’enseignant-artiste Vir-Andrés Hera, Cassandre Langlois et Marianna de Marzi présenteront le projet curatorial Meeting Points qu’elles pilotent et qui vise à participer à des échanges artistiques entre les Caraïbes et l’Europe. Ce projet envisage les modalités de la rencontre comme des outils critiques et prospectifs qui structurent un format de travail au long cours à la fois inclusif, décéléré et convivial. L’initiative fonctionne par étapes successives de durées variables qui réunissent, au sein de plusieurs lieux partenaires sur un territoire donné, une constellation de rencontres plurielles entre artistes, chercheur·ses, professionnel·les de l’art et publics. Ces rencontres se caractérisent par leurs dimensions participatives, collaboratives et / ou de recherche : résidences, performances, projections, workshops, conférences, discussions ou encore repas.
La première étape de Meeting Points, qui s’est déroulée entre décembre 2022 et janvier 2023 en Martinique, a été imaginée en étroite collaboration avec plusieurs structures d’accueil, pour beaucoup des lieux d’apprentissage, situées dans les villes de Fort-de-France, Schœlcher et Saint-Pierre. Développée au regard de questionnements pédagogiques, elle s’est articulée autour d’actions et de projets artistiques conçus par Gaëlle Choisne, Minia Biabiany, Kettly Noël, Natalia Lassalle-Morillo, Beatriz Santiago-Muñoz, Vir Andrés Hera, Jorge Gonzalez & Monica Rodriguez, Yornel Martinez et The Living and the Dead Ensemble.
Ces propositions mettaient l’accent sur le sentir comme savoir, s’inscrivaient dans un processus de fabulation du futur à partir du contexte postcolonial, renvoyaient à des mémoires historiques et collectives insulaires, à des parcours initiatiques entre différentes langues et couches de sédimentation, à différentes méthodes de mise en récit alternative qui, depuis une perspective caribéenne, privilégiaient, pour certaines, la métaphore de la spirale1 comme modèle de pensée. La dimension pédagogique était également envisagée sous le prisme des langues et de leurs traductions : un cycle de discussions, pensé en collaboration avec le CRILLASH2, participait d’une réflexion sur la traduction – de la langue créole tout particulièrement – comme un espace de rencontre littéraire et culturelle, esthétique et plastique.
En convoquant également la réactualisation de savoir-faire hérités, Meeting Points s’est, par ailleurs, intéressé aux connaissances et usages des plantes afin de valoriser les formes de pédagogie inspirées, par exemple, par les pratiques autochtones et l’histoire des mouvements ouvriers de Porto Rico. Ainsi, cette première étape martiniquaise allie connaissances sensorielles, exercices de traductions, récits fictionnels et savoir-faire ancestraux au sein d’un format-chantier de nature curatoriale encore en cours.
Cassandre Langlois est chercheuse (en études culturelles et art performance) et commissaire indépendante. Elle a été commissaire de l’exposition « Tout dans le cabinet mental » présentée au Crédac au printemps 2022.
Marianna de Marzi, commissaire indépendante est également conseillère curatoriale pour Maison Gersaint à Paris, et travaille avec P.I.A, une école de recherche et de production indépendante et expérimentale pour les artistes et les commissaires basée à Lecce, dans le sud de l’Italie.
1 Lancé en 1968 en Haïti, sous le régime autoritaire de François Duvalier, le spiralisme est un courant littéraire initié, entre autres, par Frank Étienne. Il cherche à développer une écriture moins sensible aux conventions narratives qu’au monde intérieur et secret où l’individu préserverait son humanité.
2 Centre de Recherche Interdisciplinaire en Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines, Université des Antilles.
Image : Œuvre présentée par Meeting Points: Natalia Lassalle-Morillo. La Ruta. 2018