Conférence avec Salma Mochtari / Dire l’absence d’archive – arpentages de Derrida, Foucault et Hartman
le vendredi
– 11h
ESAAA – salle de conférence
À l’invitation de l’ESAAA et de l’enseignant-artiste Vir-Andrés Hera, la chercheuse et curatrice Salma Mochtari propose une conférence à partir du travail incontournable de la théoricienne africaine-américaine Saidiya Hartman. Son approche trace les lignes d’un possible dépassement de l’absence de récit par la fiction, tout en critiquant la scientificité et l’objectivité présumés de toute archive historique.
À partir de ce travail, Salma Mochtari essaie de porter un regard sur les déplacements de certaines questions qui viennent du canon philosophique classique. Par le biais de l’archive, sujet récurrent et souvent renouvelé dans les pratiques artistiques et curatoriales, elle interroge aussi les modalités de travailler la question théorique dans l’art.
Naviguant entre les modes d’écriture universitaire et ceux moins canonisés, mais tout aussi cadrés, de la recherche en art, Salma Mochtari s’est d’abord rapprochée de la question de l’archive – et ses absences – par le biais des pensées de Jacques Derrida et Michel Foucault, avant d’étudier les constructions de subjectivités noires et leurs spectralités historiques dans le travail de Hartman.
En abordant Hartman et avec elle, les traditions radicales noires, la chercheuse s’intéresse aux usages stricts ou moins stricts de concepts comme la fabulation critique de Saidiya Hartman, leurs potentialités esthétiques, et leurs efficacités historiques et politiques.
La conférence de Salma Mochtari s’inscrit dans le programme d’un workshop collaboratif à L’ESAD Grenoble avec l’artiste américain Dread Scott et l’artiste anglaise Jenny Polak. Une rencontre de Salma Mochtari avec les étudiant·es de l’ESAAA participant à ce workshop est également prévue.
Salma Mochtari – biographie
Salma Mochtari est chercheuse et curatrice basée à Marseille, membre du collectif curatorial et éditorial Qalqalah قلقلة et chercheuse affiliée à la coopérative de recherche de l’École supérieure d’art de Clermont Métropole.
Ses recherches prennent souvent appui sur les circulations conceptuelles entre les champs de l’art et de la philosophie contemporaine. En s’appuyant sur les cas spécifiques de l’absence archivistique et des études noires, elle travaille les généalogies présentes et à venir entre les études critiques contemporaines, décoloniales et queer, avec l’héritage de penseur·ses comme Michel Foucault, Jacques Derrida ou Judith Butler.
Outre la programmation discursive, sa pratique curatoriale s’appuie sur les formes de la production collective par les workshops, la traduction ou l’écriture fictionnelle.
À l’automne 2022, Salma Mochtari mène avec Qalqalah قلقلة une résidence de recherche sur les disparitions institutionnelles conjointement avec l’artiste Mounira al Solh et la curatrice Line Ajan au Kunstencentrum Buda (Belgique), ainsi qu’une programmation discursive avec la curatrice Virginie Bobin sur les politiques du dire-vrai au Tanzquartier à Vienne (Autriche).
Photo : Salma Mochtari, crédits : Victorine Grataloup