Workshop 333 : : Cannibal Compost / Un groupe d’étudiant·x·es en 3e année Art se déplace à Marseille
du dimanche
au samedi
art-cade* Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille (13)
- Workshop mené par Laurent Faulon et Stéphanie Cherpin avec les étudiant·x·es de l’ESAAA.
- 6-10.01.2025 : travail collectif.
- 10.01.2025, 18h : restitution-vernissage.
Les workshops 333 offrent la possibilité aux étudiant·x·es en 3e année Art à l’ESAAA de travailler en effectif réduit (huit personnes), au contact d’un·x·e professionnel·x·le de l’art et dans un contexte artistique hors les murs de l’école. Dans ce cadre, un premier groupe se déplacera à Marseille, en compagnie de l’enseignant-artiste Laurent Faulon. Pendant une semaine, les participant·x·es travailleront avec l’artiste sculptrice Stéphanie Cherpin, à art-cade* Galerie des grands bains douches de la Plaine, à Marseille.
Le workshop Cannibal Compost
« Tu le sais, si tu as un ami en qui tu as confiance et si tu veux obtenir un bon résultat, il faut mêler ton âme à la sienne et échanger les cadeaux et lui rendre souvent visite »*
Laurent et Stéphanie ont demandé à une dizaine d’artistes de leur faire un don. Œuvre délaissée, protocole, pièce cassée, partition de performance, bande-sonore… Les œuvres collectées (re)deviennent matière première pour la réalisation d’une exposition à la galerie Art-cade. Les étudiant·x·es de l’ESAAA devront unir leurs forces à celles de ces matières actives, les rassemblant ou les divisant, les synthétisant ou les distillant pour faire émerger une pièce collective ; car si les organismes croissent, c’est aussi le cas des artefacts.
- Une proposition de Laurent Faulon et Stéphanie Cherpin
- Avec : Margaux Dilard, Charlotte Franco, Mina Grujicic, Chiara Leccia, Elliot Leclerc, Alexia Lezcano, Mathis Orsini et Hanna Ilnitskaya.
- D’après les œuvres de Luisa Ardila Camacho, Alain Barthélémy, Stéphanie Cherpin, Mathieu Clainchard, Thilda Craquelin, Lisa Duroux, Laurent Faulon, Darla Murphy, Sébastien Vanhulst, Romain Vicari et invité·x·es de dernière minute.
*Marcel Mauss, Essai sur le don
L’artiste Stéphanie Cherpin
« Apparue au milieu des années 2000, la sculpture de Stéphanie Cherpin (*1979) s’est d’abord appuyée sur une série d’objets que l’artiste collectait dans les zones périurbaines. Le monde du gros-œuvre y croisait celui des services de voiries et des entrepôts en tout genre. Cherpin faisait subir à cette collecte une succession d’opérations que l’on peut diviser en deux registres. Les matériaux et objets sont d’abord désossés, dépecés et brutalement recombinés par des techniques rudimentaires. À cette première phase, violente et brutale, succède une série d’actions qui tend, au contraire, à apaiser les tensions : les assemblages sont recouverts de matériaux bon marché, connotés par le faux semblant (peintures métallisées, enduits, crépis, rubans adhésifs…). Un maquillage à peu de frais qui semble domestiquer l’agressivité originelle pour rendre la sculpture présentable à tout prix, assumant parfois – et même très volontiers – une forme de vulgarité.
Cette sculpture hybride, à la fois assemblagiste et « freak », a connu un tournant vers 2015. Si le processus sculptural reste relativement le même, l’exubérance des premiers travaux laisse place depuis lors à une approche plus intime. Devenue enseignante, l’artiste a multiplié les collaborations, élargi sa palette de gestes et réduit les formats à des dimensions plus proches de celles du corps. Elle se concentre davantage sur les détails, l’anecdotique, faisant parfois apparaître du texte ou des images. Ce faisant, elle donne une inflexion plus narrative et plus subjective à son œuvre. Son horizon sémantique s’en trouve déplacé : issue des hangars industriels, la sculpture peut désormais évoquer les espaces d’un salon de coiffure, d’une « onglerie » ou d’une chambre d’adolescente.
Ce tournant narratif nous permet d’entrevoir combien l’œuvre de Cherpin, si elle se situe dans la filiation de sculpteurs comme Kienholz, Stockholder ou Genzken, est également pétrie de récits, entre autres ceux de Goliarda Sapienza, Grisélidis Real ou Sharon Olds. » (Paul Bernard)
Images : Stéphanie Cherpin