Workshop et conférence avec Yan Duyvendak
le mardi
ESAAA – 52 et 52 bis, rue des Marquisats, 74000, Annecy
- 14h-17h30 : workshop « Invisible » avec l’Atelier de Recherche et de Création (ARC) Performance.
- 18h, en salle de conférence : « La conférence comme jeu (cruel) », ouverte à toutes les promotions de l’ESAAA.
Dans le cadre de l’ARC Performance, Yan Duyvendak intervient à l’ESAAA pour proposer d’une part un workshop « invisible » qui déploie en « mode mineur » des modalités de performance collective dans l’espace public ; et d’autre part une conférence organisée autour d’un protocole de jeu, qui déplace les cadres conventionnels de la prise de parole en public.
Le workshop « invisible »
• Avec l’ARC Performance – mardi 8 mars 2022 14h – 17h30
« Invisible est un jeu qui vous envoie dans l’espace public pour y jouer un jeu collectif. Avec un groupe de 8 à 12 personnes, à partir d’un petit scénario et d’un compte rendu d’expérience, vous opérez des minuscules interventions. Ensemble, vous créez une situation sensible mais invisible, dont vous êtes simultanément les initiateur·trices et les spectateur·trices. Pendant un très court instant, vous sentirez peut-être une altération subtile, un trouble étrange, comique, politique ou étonnant. Comme un comité secret, vous créez une certaine poésie de l’absurde dont vous seul·e connaissez l’origine. En jouant le jeu, vous sentirez sans doute les possibles de l’être ensemble. »
La démarche s’inspire de l’artiste de théâtre brésilien Augusto Boal qui, sous la dictature argentine où il était impossible de réaliser des actes artistiques visibles dans l’espace public, hors commandes d’État, a développé́ des tactiques d’intervention en « mode mineur », à l’instar de nombreux autres artistes ayant vécu dans des états totalitaires, comme par exemple Milan Knizak en Tchécoslovaquie. Boal s’infiltrait notamment dans des cafés et d’autres lieux publics, pour y faire exploser des conflits sociaux, les porter en débat. Son Théâtre Invisible s’insinuait dans la vie, pour l’utiliser comme un augmentateur de conscience.
Durant le workshop à Annecy, les participant·es seront invité·es à constituer des groupes qui, dans certains lieux publics de la ville, exécuteront des partitions choisies préalablement. Les actions en mode mineur qu’elles prescrivent se nomment par exemple Drugstore Cowboys, Chacun son tour, À la queue leu leu, L’amour à deux ?, Immobylyité-e, Les Six Singes, Les Étourneaux // Flocking birds, Service mobilité, Pump up the volume, Social Media.
Pour plus d’informations, cliquer ici.
La conférence comme jeu (cruel)
• Mardi 18h – salle de conférence (toutes les promotions)
Pour sa conférence à l’ESAAA, dans le cadre de son intervention au sein de l’ARC Performance, Yan Duyvendak propose de prendre la parole à travers un protocole de jeu qui soumet son discours aux choix et aux manipulations de thèmes et d’objets par le public.
Les règles du jeu :
- « Parmi mes objets vous en choisissez un et le posez devant moi.
- Je parle alors du travail/sujet/thématique qui y est attaché.
- Quand vous voulez changer, vous retirez l’objet et le remplacez par un autre.
- Vous pouvez retourner à un objet préalable, je reprends alors (le mieux possible) là où j’en étais resté.
- Vous pouvez sortir à tout moment.
- La conférence comme jeu (cruel) se termine quand plus personne n’est dans la salle. »
Yan Duyvendak – biographie
Yan Duyvendak, néerlandais d’origine, vit entre Genève et Marseille. Formé à l’École cantonale d’art du Valais et l’École Supérieure d’Art Visuel de Genève, il pratique la performance depuis 1995, année de sa première œuvre d’art vivant : Keep it Fun for Yourself.
Depuis, il enchaîne les créations et les scènes – de la Suisse aux Etats-Unis en passant par la Russie, l’Inde ou Hong Kong. S’attachant en particulier à souligner combien les images analogues, digitales et mentales, les codes sociaux et autres rituels de la société du spectacle épaississent aujourd’hui l’écran qui se dresse entre l’humain et la réalité, il réaffirme tout au long de son travail, avec à la fois ironie et empathie, une forme de dignité humaine mise à mal par la société de l’image.
Ses créations Still in Paradise, Please Continue (Hamlet), Sound of Music et ACTIONS s’attachent à décortiquer la manière dont nous, citoyen·nes, nous débattons avec les modèles sociétaux et l’engagement politique et social. En recourant tous deux à des procédés ludiques, invisible et VIRUS s’intéressent quant à eux à la constitution du collectif et à comment la collaboration et l’empathie peuvent amener à des formes possibles d’empowerment.
Également plasticien, son travail vidéo est présent dans de nombreuses collections publiques et privées, comme le Musée des Beaux-Arts de Lyon ou le Museum der Moderne (MdM) de Salzburg. En 2010, il reçoit le prix d’art contemporain Meret Oppenheim puis en 2019, le Grand Prix Suisse du Théâtre / Anneau Hans Reinhart.
Images : 1. Yan Duyvendak / 2. « S’aligner », Invisible, La Comedie, Genève © Agnes Mellon / 3. Exemple d’échanges entre les participant-e-s de l’action « invisible »