ESAAA Design
deuxième cycle – DNSEP, Master Terrain


Le Master Terrain 
cultive l’art de l’entre-deux, 
terrien·x·nes engagé·x·es
au design du Nous. 

Le Master Terrain déploie une pédagogie qui place le vivant au cœur de ses enjeux de recherche et de création. Par Vivant nous entendons tous les êtres en train d’être / de faire les mondes dans leurs cheminements complexes et singuliers, visibles ou invisibles, terreaux des mutations à venir. 

Nous écoutons,
nous flairons, 
nous ressentons. 

Nous sommes parfois pierre, circuit électronique, bioplastique, humus, arbre ou mésange. Nous sommes en atelier, en laboratoire, en forêt, sur les routes, à l’étude d’un territoire, embarqué·x·es dans des conversations avec d’autres savoirs, d’autres savoir-faire et savoir-(sur)vivre, dans nos corps autant que dans nos esprits alertés aux temps d’orage et aux accalmies. 

À l’heure des urgences, nous éprouvons un besoin profond de métamorphose. 
Dès lors, nous nous (re)situons toujours, et fabriquons « à partir de ». 

Nous invitons les étudiant·x·es et les enseignant·x·es à se mettre ensemble dans une posture de co-enquête, par une pratique de terrain qui devient le compost pour nourrir les lignes de travail individuelles et collectives qui se dessinent. L’école est notre terrier tout autant que notre espace d’expérimentation. On s’y replie parfois, on s’y déploie surtout à partir des ateliers techniques : fablab, biolab, jardin… Les matériaux sont pour nous des matières vives, sources et ressources d’inspiration, d’étonnement, de plaisir et de questionnement avec lesquels nous apprenons à co-laborer.

Nos sensibilités et nos engagements nous font privilégier les matériaux biosourcés, les circuits courts et locaux, les expériences collectives, les collaborations et les communautés qui créent ou renforcent le maillage territorial. Nous tricotons en groupe nos projets et nos déplacements, la cocréation et la concrescence sont pour nous des dynamiques essentielles. 

Nous abordons les connaissances, les formes et les techniques avec une joyeuse imprudence et une volonté de dialogue radical entre les disciplines.

Nous empruntons aux méthodologies de l’art le goût de la formalisation et du tâtonnement, aux méthodologies du design, ses capacités de projection et d’analyse des situations en crise.

Dans un contexte d’hyper-production d’objets, de standardisation des représentations, de violence envers la vie et sa diversité, nous chérissons le rêve fou de tout réinventer. 

Si nous travaillons ensemble au renouvellement de nos imaginaires comme la passerelle manquante entre nos dimensions corporelles, cognitives, sensibles et subtiles, nous agissons au milieu des milieux, pour un renversement total des logiques coloniales et anthropocentrées. 

Les pieds dans la terre, le cœur aux étoiles, 
Master Terrain, pour vous servir et vous accompagner dans vos audacieuses pérégrinations


Programme 2024-2025


Déplacements


La Winter School du CRESSON (Grenoble)

La Winter School est une semaine de recherche, d’expérimentations et d’écoute dédiée aux pratiques sonores, qui se déroule dans les laboratoires de recherche du CRESSON, à Grenoble. Cette tradition du Master Terrain propose aux étudiant·x·es de développer des méthodologies de travail en lien avec le sonore et l’écoute située.

À propos du CRESSON :
Le CRESSON (centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain) est une équipe de recherche architecturale et urbaine, fondée en 1979 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. À l’origine centré sur l’espace sonore, le CRESSON a fondé sa culture de recherche sur une approche sensible et située des espaces habités. Ces recherches s’appuient sur des méthodes pluridisciplinaires originales, à la croisée de l’architecture, des sciences humaines et sociales et des sciences pour l’ingénieur. À travers ses travaux fondamentaux, le CRESSON met en œuvre des expérimentations qui interrogent les processus de la conception architecturale et urbaine à toutes ses échelles (dispositif, architecture, espace urbain, paysage, territoire).

Monte Verità (Suisse)

À propos de Monte Verità : À l’automne 1900, quelques personnes réunies autour d’Henri Oedenkoven, d’Ida Hofmann et de Gusto Gräser fondèrent sur la colline de la Monescia, près d’Ascona, une colonie qu’ils appelèrent Monte Verità. Se rattachant au mouvement pour une vie saine, ils s’intéressaient aux médecines naturelles, visaient un végétarisme strict, cultivaient l’égalité des sexes et l’esprit communautaire.

Le Monte Verità devint l’un des principaux lieux de création de la danse d’expression moderne (Ballet). De 1913 à 1919, il abrita les cours d’été de l’École de l’art du mouvement, dirigée par Rudolf von Laban, dont le but était une formation totale incluant aussi bien la danse, le chant et la parole que la participation aux tâches du sanatorium. Que reste-t-il de Monte Verità aujourd’hui ? Que reste-t-il de ce souffle visionnaire ? Pouvons-nous nous en inspirer profondément ? Cet esprit d’utopie appliquée guidera notre premier voyage d’étude à travers les montagnes suisses.

Pyrénées Atlantiques : projet ex situ en sororité

Le Master Terrain développe ses propres méthodologies de pédagogie alternative en encourageant fortement : l’autonomie, la vie communautaire, l’autogestion, la bienveillance, la bien-actance, la co-création et accompagne cette année un projet ex situ en sororité de quatre étudiantes, se situant dans les Pyrénées Atlantiques.

Selon les étudiantes : « Le projet est né de l’envie de vivre et travailler ensemble. Nous (Isaulde, Elsa, Charlotte, Maïa) avons été amenées à partager nos désirs quant à la création d’un collectif lors de moments privilégiés en non-mixité. L’idée de concrétiser ce projet toutes les quatre est apparue comme une évidence, et nous avons la chance de disposer d’un lieu qui accueille ces projections.

Cette expérience serait vectrice d’une autonomie par le collectif. Par le faire-ensemble, nous voulons mettre en place des outils de mise en commun, en lien avec les milieux et les individus. Par une politique du soin, nous voudrions apporter humblement une contribution aux luttes pour la réparation du vivant, à travers une écologie sociale et un régime d’attention, ainsi que des pratiques / savoirs situés. Appréhender l’invisible serait aussi pour nous une ambition précieuse. »


Workshops


Défricher-réfricher l’urbain

Ce workshop est la première étape d’une collaboration au long terme avec une association d’éducation populaire – le Cri de L’Œuf et un bailleur social – SA MONT-BLANC pour l’(re)aménagement d’un nouveau quartier résidentiel d’Annecy. L’objectif est de relier les usages actuels des habitant·x·es avec une analyse fine du milieu : la rivière, la forêt, la friche, la fabrique urbaine. Nous expérimentons un ensemble de méthodologies pour aller à la rencontre de « l’existant » : cartographies sensibles, inventaires (botanique, matériel, d’usages), conversations avec les habitant·x·es et les membres de l’association. Ce diagnostic de l’existant servira de base pour les transformations possibles de cet espace. 

Écouter les corps : rendre perceptible l’expérience vécue de la toxicité

Comment appréhender les effets de l’exposition au toxique ? Les façons dominantes de connaître la toxicité impliquent de l’examiner sous l’angle des étroites catégories biomédicales de santé et maladie : les gens tombent-ils malades parce qu’elles ont été exposés au plomb ou aux pesticides ?

Nous proposons d’élargir la définition des effets toxiques en considérant la toxicité comme un processus incarné. Cela implique de s’éloigner des dualismes cartésiens séparant l’esprit du corps, l’objectivité et la subjectivité, la société et la nature, pour se concentrer sur les expériences vécues d’une pluralité de corps, par le biais de la cartographie sensible.

Ce workshop est une collaboration avec le groupe de recherche Embodied Ecologies : Mariana Rios Sandoval (anthropologue et chercheuse transdisciplinaire), Philippe Rekacewicz (géographe, journaliste et expert en cartographie sensible), Emma Pavans de Ceccatty (doctorante) et l’association Jardins Fabriques, avec la contribution de l’artiste sonore Sarah Antonelli, pour une écoute du lac et la dimension sonore de la toxicité. Cette forme pédagogique a lieu dans le cadre de « Arpentage : le tour du lac à pied », une proposition de Julie Amadea Pluriel, paysagiste.


Projets de recherche et de production


Situations forestières

Ces dernières années, le monde forestier est au centre de l’actualité, à la fois pour ses nombreux services écosystémiques et en raison des impacts du changement climatique. Les utilisatrices et utilisateurs de la forêt sont nombreux, particulièrement dans le massif de la Mandallaz.
Ce cours propose d’aller à la rencontre d’une technicienne forestière, Agathange Schell, qui partagera son métier tout en permettant d’explorer les enjeux liés au développement et à la protection des forêts.
Nous réfléchirons à la manière d’intégrer la multifonctionnalité des forêts grâce à des pratiques vertueuses. Par ailleurs, nous questionnerons le rôle de l’art comme médiateur attentif et engagé dans ce contexte.
En lien avec le festival artistique « La Nuit des Forêts » (début juin), nous collaborerons pour imaginer et produire des projets vertueux et non-invasifs, au cœur de la forêt de la Mandallaz.

La serre, domestiquer les tropiques ?

Depuis 2017, le centre horticole municipal, réparti sur 5 700 m² de serres, se consacre à la production de plantes et au fleurissement des espaces verts de la ville. Cet équipement a également une vocation pédagogique : une serre dédiée aux animations permet d’accueillir le grand public, de le sensibiliser et de transmettre les techniques, savoir-faire et connaissances sur de nombreuses thématiques en lien avec la nature, la biodiversité et l’environnement.

Dans le cadre de sa collaboration avec le centre horticole d’Annecy, le Master Terrain développe un projet de recherche au long cours qui articule expérimentations scientifiques et artistiques ainsi que la construction d’un lieu de partage dans le terrain situé devant les serres horticoles. Nous dialoguons avec la serre, analyserons son rôle dans l’histoire coloniale et dans la globalisation néolibérale du monde. Une attention particulière sera portée à la serre en tant que dispositif fondamental dans l’alimentation et la végétalisation des métropoles contemporaines. Travailler à l’intérieur des serres permet de mettre en action ce qui nous relie : une attention sensible, engagée et active, portée à l’expression de la biodiversité.


Pour aller plus loin



Photos – crédits Sandra Lorenzi :

1. Déplacement des étudiant∙x∙es en 4e année Design / Master Terrain sur le Mont Mézenc, aux sources de Loire, 2022
2 et 3. Voyage d’étude des étudiant∙x∙es en 4e et 5e années Design / Master Terrain en Martinique, en collaboration avec le campus caraïbéen des arts, 2021
4. Voyage d’étude des étudiant∙x∙es en 4e année Design / Master Terrain à Monte Verità, Suisse, 2024
5. Voyage d’étude des étudiant∙x∙es en 4e année Design / Master Terrain à Valencia, Espagne, 2023
6. Déplacement des étudiant∙x∙es en 4e année Design / Master Terrain en Ardèche, sur la ligne de partage des eaux, 2022
7. Voyage d’étude des étudiant∙x∙es en 4e année Design / Master Terrain à Florence, Italie, 2024